lundi 15 avril 2019

MOGUER : Les Oiseaux de Passage

Je ne serais peut-être jamais passé à MOGUER si je n'avais en tête depuis bien longtemps "Les Conquérants" de José-Maria de Heredia: ""Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, fatigués de porter leur misères hautaines, de Palos de Moguer, routiers et capitaines partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, et les vents alizés inclinaient leurs antennes aux bords mystérieux du monde occidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, l'azur phosphorescent de la mer des Tropiques enchantait leur sommeil d'un mirage doré. Et penchés à l'avant des blanches caravelles, ils regardaient monter en un ciel ignoré, du fond de l'océan des étoiles nouvelles.""











MOGUER est un petit village devenu grand bourg de 20.000 âmes. De là partirent de célèbres Caravelles à la découverte des Amériques...
































Juan Ramon Gimenez, prix Nobel de littérature en 1956, est un enfant de MOGUER. Dans son célèbre livre "Platero y Yo", il se met en scène avec son âne Platero: "Ici se dressait la vieille arène qui brûla je ne sais quand, la place du Château qui brûla. Alors les toreros sont arrivés à MOGUER."











"Ici vivait Aguedilla la pauvre folle de la Calle del Sol qui demandait au poète des mûres et des oeillets. Je lui dédie mon livre "Platero y Yo", l'élégie andalouse suprême." (Juan Ramon Gimenez)



































Vicente Yànez Pinzon











"PINTA, Caravelle commandée par Marino Palermo Martin Alonso Pinzon pour la découverte de l'Amérique en 1492. Elle fut financée par la ville de Palos qui la mit au service de la Couronne dans le cadre des expéditions de Colomb."











MOGUER se situe à une huitaine de kilomètres de PALOS, aujourdhui Palos de la Frontera. Ces 2 villages sont séparés de la grande ville Huelva toute proche par le Rio Tinto. 












































Grâce à José-Maria de Heredia, me voilà donc aujourd'hui entre MOGUER, Palos et Huelva. Ici, la côte est de sable avec des étendues lagunaires, des deltas dont celui du Rio Tinto. Un centre pétro-chimique s'est dressé au beau milieu des espaces naturels comme chez nous Fos-sur-Mer en bordure de Camargue... Cela n'interdit pas aux oiseaux de passage de séjourner avant d'autres envolées, mais cela reste une verrue anachronique: on a désacralisé Dame Nature... Une fois de plus... Plus loin vers le Sud, la route est maritime, sur les traces de Pinzon et de Colomb... On peut rallier les îles Canaries... ou l'Amérique en mettant la barre à droite... Vers l'Est, Tarifa et le Détroit de Gibraltar sont à peine à 200 km à vol d'oiseau. En voiture, pas de pont sur l'embouchure du Guadalquivir: pas de route directe, il faut donc remonter jusqu'à Séville pour rejoindre en trois heures (et près de 300 km) les ferries en partance pour le Maroc. Vers l'Ouest, la frontière portugaise est à une soixantaine de kilomètres. Ma boussole hésite puis voilà son aiguille qui bloque plein ouest vers l'Algarve, je n'irai pas aux Amériques aujourd'hui, les Caravelles en partance m'attendront une autre fois... Je laisse ici les oiseaux de passage, le cri d'une hirondelle au-dessus d'un filet meurtrier, le chant merveilleux des chasseurs d'Afrique, un coq beau comme un gaulois, un moineau venu picorer la folle avoine au milieu des coquelicots -un peu de sang de Notre Dame de Paris qui brûle en ce triste lundi- quel malheur, "Tristesse d'Olympio" aurait dit ma douce grand-mère Fernande... Les premières nèfles sur mon chemin offrent une bien maigre consolation au gourmand de passage... Sur la plage, un crabe deviendra bientôt sable. Une petite boule de plume serine une autre trille claire comme un matin d'avril. L'eau salée n'empêche pas la fleur de renaître au bord de la lagune. La flor amarilla -tout est renouveau- ne survivra pas au printemps... Comme elle, comme les oiseaux, nous sommes de passage dans la lumière de la belle saison. Savourons cette chance de pouvoir ouvrir les yeux chaque jour... sur le premier matin du monde. Merci à vous tous les "parcoureurs" des SENTIERS NOMADES, une grosse bise bien tendre à mes enfants, une autre tout aussi tendre à my Karine qui aurait aimé être du voyage, mais via le blog, elle en reçoit tout le meilleur et rien que le meilleur, encore une autre à ma famille, proche et lointaine, à mes amis fidèles, une grosse bise à Agnès et Jeannot mes aficionados de l'Île de Ré, une autre à Anneliese qui va sans doute préférer la 24ème image, une autre encore à Marie, la Reine incontestée du commentaire, et une dernière à Claudine, bien en verve lorsqu'elle sort de son sommeil... Nous voilà déjà à la mi-avril, que le printemps continue à nous enchanter... Et si vous aimez les sonorités romantiques du tango andalou, enchantez vous encore, langoureusement, avec ce diaporama musical. Portez-vous bien et à tout bientôt mes très chers. Thierry.


8 commentaires:

Karine Debelle a dit…

Que de merveilles dans ce voyage que nous referons ensemble plus tard. Ces oiseaux de passage profitent de chaque instant en nous rappellant encore une fois oh combien la vie est fragile...
Une douce pensée à Notre Dame de Paris qui nous laissent tous dans une immense tristesse.
Tes images sont toujours aussi douces et sensibles...Merci my Chiloe😘

Louise a dit…

Merci mon cher Thierry pour la, comme toujours, belle série de photos!

Malheureusement, je dois aussi dire que je suis triste de voir ce qui arrive à votre fierté nationale, "Notre-Dame"!
Une douce pensée à vous tous!!

Belle nuit et de gros bisous!

Danielle a dit…

C est très beau toutes ces photos. Merci Chiloe

Yves a dit…

Ah ! Ce « fabuleux métal « !

Bon voyage !

Yves.

Anne a dit…

Ca donne trop envie d'y être !
Bisous
Anne

Anonyme a dit…

Bravo Thierry , que de talents ! poète, écrivain ,photographe, navigateur et j'en passe !!!Oiseaux, fleurs...d'un "rien" tu fais une beauté.
A propos de beauté, la France est en deuil, un de ses joyaux est parti en fumée , mais sera reconstruit. …….. Jeannot

Debra a dit…

Fantastic

claudine marie sauvignon a dit…

Vague de fleurs, vague d'oiseaux le tout bercer par les vers de ce grand poète à l'âme si sensible; quel enchantement que ces images; "que la nature est belle" aurait chanté Jean Ferrat et tes photos nous les offres, un grand merci, mOn Thierry. claudine