jeudi 2 mai 2019

BATALHA, SANTAREM, Portugal

Avant de regagner l'Alentejo, je prolonge aujourd'hui le plaisir de musarder dans cette jolie région centrale du Portugal. De Tomar, cap plein Ouest jusqu'au Monastère de BATALHA, puis cap au Sud jusqu'à SANTAREM.


Avoir le temps, c'est une des clefs du succès d'un voyage. Au Portugal comme partout ailleurs, les SENTIERS NOMADES évitent les autoroutes et les routes à péage... Une quarantaine de kilomètres sépare Tomar de BATALHA.


Il a fallu 1 siècle pour bâtir l'impressionnant Monastère de BATALHA. Une construction gothique commandée par le roi Jean 1er du Portugal pour commémorer la bataille d'Aljubarrota en 1385.







Le héros de la bataille d'Aljubarrota, c'est lui: NUNO ÀLVAREZ PEREIRA, un glorieux ancêtre de notre amie Robyn qui vit dans l'Oregon. Le 14 Août 1385, à la tête de 6.000 portugais, Nuno Àlvarez Pereira tînt tête à 30.000 castillans lors de cette fameuse bataille d'Aljubarrota où il révéla son génie militaire. Une bataille décisive qui mit fin à l'instabilité politique entre la Castille et le Portugal, et qui est considérée comme un acte majeur de la consolidation de l'indépendance portugaise. 


































Nuno Àlvarez Pereira allait à la messe deux fois par jour (et même trois fois le samedi et le dimanche), et il recevait régulièrement la communion. À ceux qui s'en étonnaient, Nuno répondait : « Si quelqu'un veut me voir battu au combat, il doit m'éloigner de ce saint banquet dans lequel, Dieu lui-même, nourriture des forts, fortifie les hommes. C'est par cette nourriture que je suis réconforté,  j'y puise force et courage pour vaincre les ennemis. »  Avant chaque bataille, il préparait spirituellement ses soldats en leur faisant assister à la messe et communier. Il les encourageait à avoir confiance en Dieu et en la Vierge Marie à qui il attribuait ses victoires après les batailles. Comme mon oncle et parrain André, Nuno avait une grande tendresse pour la Vierge Marie : il observait le jeûne le samedi en l'honneur de la Vierge.







Matinée pluvieuse, matinée heureuse, le ciel semble vouloir bénir d'une bonne averse cette visite de Batalha et ce salut à Nuno Àlvarez Pereira, qui, entre autres faits d'armes, participa à la prise de Ceuta en 1415 (1 siècle avant Marignan si ma mémoire d'écolier est bonne, au moins l'histoire parfois nous fabrique des dates faciles à retenir). Nuno Àlvarez Pereira fut béatifié le 23 Janvier 1918 par le Pape Benoît XV. Comme quoi on peut guerroyer sa vie durant et rejoindre in fine le cercle finalement pas si restreint que ça des Saints Hommes... (attention à la liaison, en langage courant, il faudra prononcer: le cercle des "sainzommes". Si on s'égare en prononçant: le cercle des "saintommes", on risque le piquet, et ça n'est pas du tout marrant le piquet, surtout pour un grand garçon comme moi). Matinée pluvieuse, matinée heureuse, mais il a peu plu au Portugal ce printemps, le niveau des lacs de barrage, nombreux dans tout le pays, est bas. Feu Alain Gillot-Pétré, Evelyne Dhéliat, Chloé Nabédian, parleraient d'un déficit pluviométrique certain.










"Le courage et l'abnégation sont toujours grands et nobles"
Mousinho de Albuquerque
1855 - 1902






Moins célèbre que Don Nuno Àlvarez Pereira, JOAQUIM AUGUSTO MOUZINHO DE ALBUQUERQUE est né à BATALHA le 11 Novembre 1855. Officier de cavalerie portugais, il se rendit célèbre par la capture de l'Empereur Gungunhana, Roi du Mozambique, à Chaimite en 1895 (ma mémoire d'écolier n'en a pas le moindre souvenir), une notoriété acquise aussi semble-t-il pour avoir "pacifié" le Mozambique. Comme Nuno, MOUZINHO a sa statue érigée sur l'immense place du Monastère de BATALHA. Mouzinho connut une fin tragique puisqu' il se suicida à Lisbonne le 8 Janvier 1902, des rumeurs le faisant passer pour l'amant d'Amélie d'Orléans, la Reine du Portugal. "Le désespoir est le suicide du coeur. Et de même qu'en Silésie on ensevelit la face contre terre celui qui s'est suicidé, l'homme en proie au désespoir laisse retomber vers la terre, où il n'est pas encore, son visage qu'il devrait tourner vers le ciel qu'il a perdu, le ciel qui lui est et qui lui sera toujours ouvert." (Jean-Paul Richter). Le suicide reste toujours un drame et un mystère. "Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux: c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie." (Albert Camus)



Dès que je quitte BATALHA, la pluie cesse. L'avantage avec les SENTIERS NOMADES, c'est d'avoir le temps, le temps d'éviter les autoroutes et de s'arrêter photographier les fleurs des champs sur les petites routes vertes, où une spatule fouille sa mare non loin du Tage. 







Je franchis le Tage au Pont de Leziria en contrebas de la colline où est bâtie la jolie ville de SANTAREM et ses clochers dont ceux de la Igreja da Misericordia.











Qu'on soit croyant ou non, il y a toujours un bonheur frémissant à rentrer dans une église... Recueillement et sérénité... Apaisement...















J'aurais bien volontiers pénétré (mais toutes les issues et entrées étaient condamnées) dans le Teatro de Santarem qui prit le nom de l'actrice Rosa Damasceno, suite à sa performance dans l'interprétation de la pièce "O amigo Fritz" en 1894. Le vieux Théâtre  Rosa Damasceno, construit entre 1877 et 1884, s'est évanoui, comme la merveilleuse senteur des roses de Damas...  Il a cessé de fonctionner en 1999 puis a été cédé en 2004 à un contractant, cession dont la procédure, contestée par le Conseil Municipal de Santarem, attend toujours une décision judiciaire...

Rosa Damasceno, 23 Février 1849, 5 Octobre 1904











Parfois, certaines ressemblances vous sautent aux yeux. Allez savoir pourquoi ce visage m'a aussitôt fait penser à quelqu'un que je vois très rarement, surtout depuis qu'il ne présente plus une émission sportive à succès sur TF1. Oui, ce regard énigmatique et doux me fait penser à Didier Roustan, il faut être amateur de football pour connaître Didier...















Il y a toujours au Portugal un petit hôtel sympathique offrant des services sympathiques à des prix tout à fait sympathiques. Le "Santarem Hostel" au 26 Rue Antonio Antunes Junior (l'adresse est pour Anne de L.), me proposait ce jour-là une chambre à 15 euros (quinze euros) avec mon Booking-génius, deux fois moins chère que notre très sympathique Pension Luanda à Tomar. On peut facilement voyager loin et longtemps avec un budget riquiqui. Un jour je rédigerai un livre: "Bien voyager avec 3 francs 6 sous". Le Guide du Routard n'aura qu'à bien se tenir!!!


Ce vieil hôtel Central à Santarem quant à lui a fermé. Il est à vendre. Si je n'avais pas peur de me mettre un fil à la patte, je l'aurais repris. Mais ma devise de "mad nomad" me l'interdit: pas de chat, pas de chien, pas de canari, pas de poisson rouge... et pas d'hôtel Central à Santarem, rien qui puisse entraver la liberté d'aller et venir à ma guise où bon me semble. Je devrais ajouter à cette devise: "pas de jardinet à arroser"... Aux premières chaleurs, il me faudra remonter arroser mon jardinet dans la capitale des Cévennes. Mais cette année, c'est décidé, j'y installe un arrosage automatique pour "m'échapper-belle" dans la foulée une autre fois...







Il y a de belles rues et de belles traverses à SANTAREM, comme en témoigne la Travessa D. Monica.... "D" pour Debella, oeuf corse, comme chantait Tino Rossi...



À ne pas manquer à SANTAREM, la visite du grand marché municipal hélas fermé aujourd'hui pour cause de jour férié. Mais ses 4 murs extérieurs sont décorés de 55 fresques retraçant les scènes que nous avons parfois connues quand nous traversions, enfants, la péninsule ibérique l'été, avec la Simca Aronde ou la Peugeot 203 du père, entre Maroc et France... Qu'il est loin l'âge tendre...























































Parfois c'est le taureau qui gagne...









Esta é a Madrugada que eu esperava...
Voilà venir l'Aube que j'attendais...







À ne pas manquer non plus à SANTAREM, la visite du Jardim das Portas do Sol, un joli Parc qui domine le Tage et le Pont de Leziria que j'ai franchi ce matin pour prendre la ville d'assaut (avec Marcel)... Ce pont de Leziria fait partie lui aussi des 55 fresques du Mercado Municipal. Tout à l'heure, je franchirai un autre pont,  le Ponte Marechal Carmona sur le Tage en aval, cap sur Coruche puis l'Alentejo.



Amitiés, bises, bon mois de Mai et beaux SENTIERS NOMADES mes très chers... En cliquant sur le lien ci-dessous, vous découvrirez un merveilleux diaporama musical, au son d'un tango sublime... Il n'y a pas grand chose de plus beau qu'un tango assassin...



9 commentaires:

KarineSeadream a dit…

Prendre son temps sans se presser est effectivement la meilleure chose pour découvrir tous ces endroits souvent magiques. Toujours de belles rencontres, qu'elles soient humaines ou de pierres. Merci pour ces belles images my Chiloe ❤️❤️❤️

Danielle a dit…

Toutes ces photos sont très belles merci Chiloe Dream

Joëlle a dit…

Belle bulle d'évasion, apparemment, loin de la fureur et du bruit !

Geneviève a dit…

Bien triste ce tango .... C'est la 1ere fois que je l'entends... un peu d'histoire sur le Portugal sur fond de musique larmoyant... J'aime beaucoup ces scènes de la vie quotidienne d'un bleu toujours aussi beau... Quant au piquet, je connais un trou de mémoire et on y avait droit... Nos professeurs étaient intransigeants.. Merci pour ces belles connaissances, bonne continuation même sous un ciel pluvieux

Régine a dit…

Toujours sous le charme des images, merci pour ce beau voyage. 💕

Anonyme a dit…

La Thierry tu t'es surpassé!!! Belles photos, des explications sur le sujet pour nous le faire partager; des spécialités et de l'histoire du pays avec de la sérénité,et du calme. Encore bravo !!!!! Jeannot...

Anonyme a dit…

Bravo TIOF pour ce beau reportage bien intéressant, que ton humour agrémente aussi!Bonne route! Bises

Andrée a dit…

ah!ah! quel beau mec!qui voyage seul apparemment en ce moment....!!!c'est osé LOL.merci pour tes reportages photos toujours exceptionnels...

sauvignon a dit…

très beau pays, très beaux azulejos, le reportage portugais me fait faire des
péchés d'envie Claudine