lundi 11 février 2019

Soeur André, Doyenne des français, alésienne

Soeur André, née Lucille Randon, a vu le jour le 11 Février 1904 à Alès. Elle fête aujourd'hui ses 115 printemps. Bon anniversaire ma Soeur.





"""La religieuse alésienne, Fille de la Charité, soeur André, née Lucille Randon, souffle ce lundi 11 février ses… 115 ans ! Un âge canonique qui fait de la Gardoise la doyenne des Français depuis octobre 2017. 
Depuis 2009, elle est résidente de l’Ehpad Sainte-Catherine-Labouré, dans le quartier de Saint-Jean-du-Var à Toulon. Un sacré bout de femme. Son secret de longévité : "Le Bon Dieu ne me veut pas",  dit-elle non sans humour. 

Des souvenirs précis


Quand elle se plonge dans ses souvenirs les plus lointains, elle parle comme un livre ouvert. Ses confidences sont précises. "Je suis née le 11 février 1904 à Alès. On était une famille toute modeste. Maman était du Cros, sur les hauteurs du Gard, papa du Vigan. Mes oncles, mes tantes, toute la famille était dans l’éducation."

Elle a connu trois guerres, 21 Présidents


Dernière d’une fratrie de cinq enfants, elle sera la seule fille, sa soeur jumelle, Lydie, décède à l’âge de dix-huit  mois. "Une toute petite fille avec trois grands garçons, c’était pas rigolo. L’aîné me prenait pour sa fille. C’était l’adoration. Le second, c’était le pantin qui me faisait marcher comme une girouette. Le troisième, il fallait faire tous ses caprices…", plaisante-t-elle.
115 ans d’une magnifique centenaire qui a traversé l’Histoire du XXe siècle et vit au cœur du XXIe siècle. "J’ai vécu trois guerres (14-18, 39-45, la guerre d’Algérie)", l’arrivée de l’électricité, la voiture, l’aviation…

Une vie vouée aux enfants 


Célibataire et sans descendance, les enfants ont pourtant été le fil rouge de la vie de soeur André. "J’ai tellement souffert comme enfant que je les adorais et faisais tout pour les aimer et les aider. J’ai eu de beaux résultats." À 20 ans, elle quitte son Gard natal pour devenir gouvernante et institutrice. D’abord à Marseille. Puis, à Paris, deux ans durant chez la famille du constructeur automobile Peugeot. "Ils avaient un petit Yvon qui faisait tout le temps l’idiot. Tout le monde pensait qu’il était anormal. J’ai réussi à le “tordre”. Il a intégré le collège !" Et ensuite, pendant quatorze ans, chez les Borione, entre Paris et l'Ardèche. (lire le témoignage de Didier Borione tout en bas)

L'arrivée de l'électricité : "C'était la joie, on voulait toutes aller tourner le bouton"


"J’étais petite fille, j’étais à l’école. Un matin, on cherchait les allumettes pour allumer la lumière. La maîtresse me dit : “Lucille tu vas allumer”. “Il n’y a pas d’allumettes, madame”. “Tu n’en as pas besoin, regarde autour de toi”. “Elle nous a alors expliqué : ce matin, on est venu finir d’installer l’électricité. On tourne maintenant un bouton pour éclairer”. C’était la joie, on voulait toutes aller tourner le bouton."

Le vaguemestre : "Il distribuait les avis de décès"


Autre souvenir de la guerre. "J’avais 7 ans. A Alès, le matin, maman se mettait derrière les volets entrebâillés. Vous ne savez pas ce qu’elle attendait ? La tournée du vaguemestre. Ce n’était pas le facteur. Il venait distribuer les avis de décès. Quand elle le voyait dans le virage, elle tremblait de tous ses membres. Et quand il était passé devant la fenêtre, elle poussait un cri de soulagement..."

Le plus beau jour de sa vie : le jour de l'armistice


C’était il y a cent ans. Le souvenir d’un siècle. "Le plus beau jour de ma vie. Tout le pays, même les plus infirmes, s’est retrouvé sur la place de la mairie d’Alès. On avait mis une table et dessus une chaise. L’une de mes copines, la fille du directeur de l’école de papa, a grimpé dessus, habillée en Alsacienne, et a chanté "La Marseillaise"… Tout le monde s’est alors mis à chanter un tas de chants. C’était la grande joie. Au milieu de cette foule, je voyais des mères qui pleuraient leurs enfants mais qui chantaient à tue-tête quand même parce que la guerre était finie."

Le conseil pour bien vieillir : 


Installée dans un fauteuil roulant, la super-centenaire, voile et gilet bleu marine sur un chemisier azur rappelant la couleur de ses yeux cachés derrière des lunettes de soleil pour dissimuler sa cécité, n’a rien perdu de sa réplique. La Cévenole, au caractère "bien trempé", de son propre aveu, est un sacré bout de femme. Ton sûr et humour fin. 
"Trois fois, je suis allée à la mort. Chaque fois, je suis revenue. Le Bon Dieu ne me veut pas. Il veut que je travaille… alors, moi, je fais travailler les autres", ironise la religieuse lorsqu’on l’interroge sur le secret de sa longévité.

Didier Borione, 89 ans : "Mademoiselle était la fille de la famille"


Ce lundi, Didier Borione, 89 ans, – "je suis né le jour du Débarquement" - sera aux côtés de soeur André pour son anniversaire. Celle qu’il appelle tendrement "Mademoiselle" a partagé sa vie durant quatorze ans.
"Elle est entrée dans notre famille en 1931. Elle avait 25 ans. J’avais 2 ans et demi. Elle a pris en charge mon éducation. Elle m’a appris à lire, à écrire, à compter, à prier...", raconte avec émotion Didier installé à Grasse, marié et père de cinq enfants. "Elle s’est dévouée. Elle était la fille de la famille car nous étions trois fils. Notre sœur, presque une mère. Elle a tout vécu avec nous, entre Paris et l’Ardèche".
Lucille Randon quitte les Borione en 1944… Didier est alors âgé de 15 ans. 72 ans plus tard, en 2016, il la retrouve à Toulon grâce à internet. "C’est un miracle. Je ne pensais pas qu’elle était encore en vie. J’espère l’accompagner au moins jusqu’à l’âge de Jeanne Calment. Elle aura 122 ans et moi je serai centenaire !"""

Article de Jennifer Franco / Midi Libre. Merci MIDI LIBRE, merci et bravo Jennifer Franco.

L’amour au cœur de ses souvenirs

Soeur André ne s’étend pas sur sa vie spirituelle. « Elle est pudique », remarque son ange gardien, soeur Marie-Pierre. Pourtant, quand elle se penche sur son passé, elle se révèle conteuse hors pair. L’un de ses frères n’a que 17 ans en 1914, mais il veut partir à la guerre. « On était patriote, en ce temps-là. » À Nîmes, on l’envoie promener : trop jeune. Il se représente à Montpellier. Le capitaine veut lui éviter l’infanterie.
Elle rapporte leur dialogue : « Grand comme tu es, on va te voir, tu vas te faire tuer tout de suite. – Alors foutez-moi où vous voulez ! » Et elle éclate de rire.

Sa foi fut un choix personnel

 « À 20 ans, j’hésitais. Je n’étais allée au caté que quelques mois, mais je savais qu’il y avait un Dieu et que je voulais le trouver. J’ai cherché, jusqu’au jour où je me suis dit : “Tu dois entrer dans cette religion [catholique]. C’est ça que tu veux.” Le bon Dieu m’a guidée. Mon grand frère, André, était le seul enfant baptisé. Il a pleuré – un garçon de 30 ans ! – “Tu nous quittes ! Au contraire, je m’accroche à vous pour tenir », lui répond-elle.
Elle reçoit le baptême à 26 ans. Son nom de religieuse est un hommage à ce frère très aimé. C’est chez lui qu’elle se remit d’une dépression, après la mort de leur grand-mère. En vain l’on évoque une hypothétique nuit de la foi devant elle. En bonne Cévenole, elle avance tout droit : « Si j’ai de gros ennuis, je gronde le Bon Dieu. “C’est pas possible, vous me demandez ceci et cela à moi qui ne peux rien ! Je lui raconte mon histoire. Il la sait mieux que moi. Eh bien, ça s’arrange. »

Trop sympa notre doyenne alésienne, qu'en pensez-vous mes très chers? Quand nous sommes arrivés du Maroc à Alès en 1965, Soeur André était déjà une toute jeune fille de 61 printemps. Mon père, André de son prénom lui aussi, mais aucun lien de parenté avec Lucille,  achetait le MIDI LIBRE 0,50 franc. En 1965 toujours, outre le fait que nous quittions le pays natal, l'italien Felice Gimondi remportait le Tour de France. En 1965 naissaient Stéphanie de Monaco, Emmanuelle Béart et Brad Pitt, tandis que Winston Churchill, Le Corbusier et Albert Schweitzer nous quittaient. Les américains effectuaient leurs premiers bombardements au Nord Vietnam, le tunnel du Mont Blanc était inauguré entre la France et l'Italie, Mehdi Ben Barka était enlevé à Paris et le Général De Gaulle était réélu face à François Mitterrand. Si vous venez nous rendre visite à Alès, nous prendrons bien soin de vous. En prime vous pourrez respirer le bon air de la capitale des Cévennes qui a vu naître soeur André le 11 Février 1905 et qui lui prête encore longue vie aujourd'hui. C'était hier, il y a 115 printemps. Encore un BON ANNIVERSAIRE ma soeur. Et à vous tous mes très chers, belle fin d'hiver et à bientôt.

3 commentaires:

Debelle Karine a dit…

Un hommage bien mérité à Soeur André.Une vie simple, saine et pleine de bonté.
Merci my Captain!

Céline a dit…

Tu écris trop bien Thierry, c’est toujours émouvant, quel bel hommage
J’aimerais bien qu’on le lui lise. Longue vie à Soeur André
de grosses bises à vous deux. Céline

Jeannot a dit…

Oui nous venons de la voir aux infos de midi, et elle a encore une bonne mémoire et physiquement elle parait plus jeune de 25 ans. Son âge est vrai, contrairement a ce qui est annoncé dans les pays qui n'ont pas ,ou n'avait pas , de déclaration à faire a la naissance, et qui, pour la situer, donnait un repaire, ou un événement marquant. Par exemple :l'année des sauterelles , ou celle d'une inondation.
Bises . Jeannot.